Je trouvais aujourd’hui un livre de 1862, qui cite un autre livre de 1577, qui explique comment tirer des oracles en s’inspirant de sibylles antiques utilisant un dé à douze faces.
Récupéré sur Gallica, je lisais ce jour les Curiosités des sciences occultes, par P.-L. Jacob. On peut y lire que dans le dodechedron, qui se joue avec un dé à douze faces, il était possible de tirer le sort sur des tables de ce genre :
I. Il peut à la dame tenir,
Qui ne sait au poinct venir.
II. Cestuy vivra (comme j’afferme)
Jusques à son naturel terme.
III. Cestuy est loyal et fidèle
Et son amour est de bon zèle.
IV. Tu auras un jour grand richesse
Par ton esprit et ta finesse.
V. Il aimera philosophie :
Son naturel le signifie.
VI. On portera au captif telle envie,
Qu’il y sera toute sa vie.
VII. L’amant a le cueur plus vollage,
La dame a bien meilleur courage.
VIII. On l’aimera et le craindra,
Lorsque justice entretiendra.
IX. De ce présage je tesmoigne
Qu’il te prédit honte et vergogne.
X. On luy a fait certainement,
Tel cas qui luy nuit grandement.
XI. L’un et l’autre sont fort joyeux,
Mais la chasse j’aymerois mieux.
XII. Je ne pense pas qu’il advienne
Que jamais en grace revienne.
Le plaisant jeu du Dodechedron : l’original
On trouve sur Gallica le fameux livre de 1577, cité auparavant, et ce dernier contient même un patron permettant de découper et assembler votre propre dé de divination :
Même si l’on retrouve la table cité plus haut en page 65 (LE PAPEGAY), on peut s’apercevoir dans cet ouvrage qu’il y a en réalité de nombreuses tables sur lesquelles tirer ce dé, en se référent à telle ou telle maison. Ce dernier terme est utilisé régulièrement en astrologie, mais ici les noms employés rappellent un peu ceux des lames d’un tarot. Ainsi, la troisième maison s’appelle “La déesse”, tandis que la sixième porte le nom de “Mauvaise fortune”.
On retrouve tout de même des influences astrologiques, puisqu’un grand tableau semble indiquer quelle maison aller chercher suivant des signes astrologiques et des influences de planètes. La lecture de l’ouvrage est un tantinet difficile, donc permettez-vous de ne point en être expert tout de suite. Peut-être, peut-être que j’y reviendrai plusieurs fois jusqu’à devenir un véritable devin dodechedronique, ON VERRA.
Après quelques pages expliquant le procédé, suivent donc des dizaines et des dizaines de pages contenant des tables à douze entrées. En voici un exemple, avec une table liée à l’élément Souffre :
Notons tout de même que dans l’avertissement débutant cet ouvrage (dont le nom commence par “Le plaisant jeu…”), l’auteur explique avoir voulu ici simplifier ce procédé, autrefois décrit avec maintes tables complexes… et dont les réponses n’étaient pas satisfaisantes. Ceci avait le don de dégoûter les gens de ce jeu, un état de fait déplorable nous pourrons en convenir. Au final, tout ceci semble être une occupation de salon mondain. Pourquoi pas !
Cette section se termine d’ailleurs sur un rappel que tout ceci devrait procurer du plaisir, et qu’il ne faut point en abuser, ni espérer la moindre certitude dans les oracles obtenus.
Pour d’autres vieilleries déterrées récemment, dont un dictionnaire infernal, c’est par là !
Aléatoirement vôtre,
Feldo
Merci, très intéressant.
J’avais aussi décrit un peu un d20 de l’époque ptolémaïque, qui avait l’air de servir à la fois de jeu de hasard et peut-être d’oracle.
Oops, le html ne passe pas dans les commentaires ? https://anniceris.blogspot.com/2013/02/the-oldest-random-d20-table.html
Oui, magnifique ce vieux D20 !!
Bon, il nous reste à trouver la divination par D8 🙂